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fred zeller a propos biographie bibliographie | galerie bienvenue les tableaux de zeller disent tout haut ce qu’il a toujours défendu – la liberté, le droit imprescriptible à l’humour, la fraternité aussi - et ce qu’il n’a jamais cessé de dénoncer : la tyrannie, le conformisme, les mensonges et les vilenies humaines. l’humour toujours tendre, parfois vache, jamais méchant, est au cœur de cette œuvre qui parle autant de fraternité que de solitude; celle, immense, de l’homme prisonnier de son univers, perdu dans la foule de ses semblables, que les paysages désertiques et inhumains du peintre soulignent si souvent. waren benchétrit a propos la peinture, langage de l'humanité : s'il n’est pas à ses pinceaux dans sa propriété de fourchainville, en pleine campagne francilienne, c’est qu’il est probablement en chemin pour son atelier du marais. “je suis au travail tous les jours que dieu fait... c’est comme ça depuis toujours. je n’ai jamais cessé de peindre, y compris du temps ou j’étais très pris par d’autres activités “ confirme , du haut de ses 90 ans. la voix donne d’emblée la mesure de son tempérament : tonitruante et chaleureuse, prompte aux emportements, au rire comme aux coups de gueule. dans l’atelier parisien du peintre, des reproductions photographiques de ses toiles côtoient les souvenirs épars de son passé tumultueux de militants socialiste de l’entre-deux guerre, comme la photo en noir et blanc de léon trotsky, signée de la main du “vieux”, qui invita durant deux mois le jeune rédacteur en chef de “révolution“ - c’était en 1935 et zeller avait 23 ans - dans sa résidence surveillée de hoenefoss en norvège. “j’ai poursuivi toute ma vie le même combat, aux côté des esclaves et de spartacus, s’enflamme-t-il : lutter contre la misère, l’égoïsme, les saloperies des gens et du monde ; j’ai défendu mes idées par la parole, par l’écrit, et quand je n’ai plus eu de tribune, je me suis exprimé par la peinture. et d’évoquer les coups de poings de l’étudiant des “arts décos” gagné au socialisme révolutionnaire, le compagnon d’andré frossard, de pompidou, de sédar senghor, de davis rousset, l’ardent militant aussi antifasciste qu’anti-stalinien, celui qui fut exclu de la sfio pour avoir osé dire non à léon blum après la victoire d’hitler et l’écrasement de la classe ouvrière allemande, et qui prit la tête des jeunesses socialistes révolutionnaires en 36, avant de créer, en 40, le premier réseau clandestin de résistance. d’un zeller à l’autre... une image accrochée au mur nous fait délaisser le combattant révolté pour nous ramener à l’artiste qui abandonna le militantisme après la guerre pour se consacrer à l’art. c’est la photo de son premier client, l’illustre constructeur américain raymond loewy, qui lui acheta en 1946 “la noce devant le photographe”, devenue depuis l’un de ses tableaux les plus connus. en 1964, cette noce drolatique à la facture naïve - elle figurait les mariés dans leur plus simple appareil au milieu de la famille - valait d’ailleurs à son auteur un procès retentissant dont il se gausse encore sans décolérer : “c’était d’autant plus ridicule qu’il avait auparavant été exposé à monaco et que le prince rainier, accompagné du maire, avait rigolé comme un bossu... mais que voulez-vous, cette bourgeoisie est frileuse et médiocre. le préfet des alpes maritimes me collait un procès, avec interdiction d’exposer mon tableau et ses reproductions, alors que les sculptures grecques étaient beaucoup plus scandaleuses! ”. a l’image de l’homme, qui ne mâche jamais ses mots, les toiles de zeller nous parlent sans détours ni ambiguïté. réaliste à n’en pas douter, à l’antipode des abstraits, sa peinture relève tour à tour du surréalisme - il a notamment fréquenté breton dès 1936 avec qui il dénonça les procès staliniens - et du symbolisme, quand les histoires de mœurs qu’il nous raconte avec facétie, ne l’apparentent pas aux naïfs. une chose est sûre, les idées demeurent la clé de cette œuvre humaniste, riche de 2.000 toiles et de centaines de dessins. on est guère étonné qu’il aime buffet, botero, - auquel il rend hommage dans l’une de ses dernières toiles -, qu’il est été ami de delvaux, et demeure un fervent de magritte, “surtout pour les idées qu’il a exprimé au travers de sa peinture” dit-il. peintre de l’idée, ne conçoit pas qu’il puisse en être autrement. “je ne travaille qu’en fonction de cela. peindre des pommes sur une assiette ne m’intéresse pas... “alors, pensez si les abstraits le passionnent...“ ils n’ont rien apporté, si ce n’est des tâches de couleurs”. et le peintre de les épingler dans l’un de ses derniers tableaux racontant un vernissage très à la mode, sous le titre éloquent de “farce ou génie”. met d’ailleurs un point d’honneur à baptiser ses toiles de titres on ne peut plus significatifs, qu’il s’agisse du registre satirique dans lequel le maître excelle (voir “50 ans de mariage” figurant la sinistrose d’un vieux couple bourgeois, ou “la signature des accords de...” ou du registre plus philosophique “je suis au seuil de l’incertain”. pour cet anticonformiste de toujours, il ne fait aucun doute que l’art est fait pour troubler par la truculence rabelaisienne, par l’ironie, la rêverie, par la révolte et la colère aussi. les tableaux de zeller disent tout haut ce qu’il a toujours défendu - la liberté, le droit imprescriptible à l’humour, la fraternité aussi - et ce qu’il n’a jamais cessé de dénoncer : la tyrannie, le conformisme, les mensonges et les vilenies humaines. l’humour toujours tendre, parfois vache, jamais méchant, est au cœur de cette œuvre qui parle autant de fraternité que de solitude; celle, immense, de l’homme prisonnier de son univers, perdu dans la foule de ses semblables, que les paysages désertiques et inhumains du peintre soulignent si souvent. ce refus d’une société qui n’est pas à l’échelle humaine, l’a aussi exprimé en faisant le choix de la franc-maçonnerie... entré au grand orient en 53, dans la loge même ou son père l’avait précédé - “l’avant-garde maçonnique”, il a appelé ses frères maçons à soutenir la révolte des étudiants en 1968 et a été élu grand maître de 71 à 73, - ce qu’il a raconté dans ses mémoires publiées il y a près de trente ans “trois points, c’est tout ! - éditions r.laffont”, non s’en provoquer quelques remous au sein de l’ordre. “l’homme doit croire à ce qu’il fait...ou planter ses choux ailleurs” a-t-il écrit. il a d’ailleurs donné une suite à ce livre qui fit couler de l’encre avec “mémoires du siècle” grasset, 2000. bon pied, bon œil - du même bleu que les ciels qu’il peint - le nonagénaire juvénile persiste et signe, en continuant de “planter ses choux” à un rythme soutenu. pour preuve, la dernière exposition qui lui a été consacrée à paris dans la galerie lucie weill-seligman : près de cinquante toiles, sur les soixante dix présentées par daniel besseiche, son marchand attitré, ont été peintes cette année et vendues : “il faut croire que la peinture conserve !” lance en riant . pensez qu’il y a douze ans, j’étais déclaré mort par les médecins à la suite d’une attaque...” l’humour de la vie, envers et contre tout... est décidément incontournable. waren benchétrit © ndp 102, rue bobillot – 75013 paris, tél. 01 45 35 11 00 fax. 01 45 35 11 33 – email | login logiciel s14